Vaincre les idées reçues

Publié le 25 Mars 2012

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Le thème du culte de ce matin, les idées reçues, a été choisi par le groupe de jeunes. En préparant ce culte qu'ils devaient animer, je leur ai demandé : qu'est-ce que vous avez de dire à l'Eglise ? Et après quelques discussion, c'est ce thème qui est ressorti...

Il faudrait que dans l'Eglise nous arrivions à aller au-delà des idées reçues, dans notre façon d'être chrétien, dans nos relations les uns aux autres...

Parce qu'une idée reçue, c'est presque toujours une idée fausse. Mais si elle est "reçue", c'est qu'elle est assez répandue. C'est donc assez confortable de s'en contenter. Mais quand on se contente d'une idée reçue sur quelque chose ou quelqu'un, c'est qu'on ne cherche pas vraiment à comprendre ou à connaître !

Il y a des idées reçues sur tout... y compris sur la foi ou les chrétiens. Les cathos sont des bigots superstitieux, les protestants sont toujours austères, les évangéliques sont des illuminés décérébrés sous influence américaine. 

On a sans doute tous souffert d'idées reçues à notre propos. Et, même si l'expression ne se trouve pas dans la Bible, ça ne signifie pas que le problème ne se soit pas posé !

 

Exemples bibliques : Actes 9-11

Ces chapitres décrivent des moments cruciaux dans le développement de l'Eglise naissante. Après la Pentecôte, et malgré le don de l'Esprit, les disciples restent globalement à Jérusalem et sa région. Un événement dramatique va précipiter les choses : la mort en martyr d'Etienne contraint les premiers chrétiens à se disperser en Judée et en Samarie. De plus, la conversion d'un personnage-clé pour la suite de l'histoire de l'Eglise se dessine : Saul de Tarse, plus tard appelé Paul.

Or, cet élargissement de l'Eglise aux Samaritains puis aux païens ne s'est pas faite sans des difficultés liées à des idées reçues qu'il a fallu surmonter...


Saul de Tarse : "On ne peut pas changer radicalement de vie !"

Lecture : Actes 9.26-30

L'idée reçue à laquelle se heurte Paul à Jérusalem est liée à son passé de persécuteur zélé de l'Eglise. Personne n'arrive à croire qu'il ait changé. Peut-être les chrétiens de Jérusalem pensaient-ils que c'était une ruse, un moyen d'infiltrer les chrétiens pour mieux les persécuter. L'idée reçue en cause ici est qu'on ne peut pas changer radicalement, qu'il  reste toujours quelque chose du passé...

Il faut avouer que les idées reçues sur les gens les enferment souvent dans leur passé. On colle sur les gens des étiquettes plus ou moins faciles à porter dans l'Eglise : ancien drogué, divorcé, ancien catho, enfant de pasteur !  Et à ces étiquettes, on associe son lot d'idées reçues... 

Finalement, les idées reçues que nous avons les uns sur les autres, nous empêchent d'accepter que les gens peuvent changer. Que Dieu peut les changer ! 

Dans le cas de Paul, il a fallu l'intervention de Barnabas pour convaincre les croyants. Barnabas, un surnom donné à un certain Joseph : "l'homme du réconfort, de l'encouragement". Il est exemplaire dans son accueil. Voilà un homme qui, par son ouverture sur les autres, arrivent à surmonter les idées reçues et arrive même à convaincre les autres de les surmonter. 

Quel homme précieux pour l'Eglise ! Il n'a pas un nom aussi célèbre que celui de Pierre ou de Paul dans l'histoire de l'Eglise. Mais sans lui, sans son intervention, Saul de Tarse ne serait peut-être jamais devenu l'apôtre Paul !

 

Corneille : "Le salut ne peut être que pour les nôtres..."

Lecture : Actes 11.1-18

Dans ce texte se manifeste une idée reçue, partagée par Pierre et les premiers chrétiens, tous Juifs. Une idée reçue héritée de traditions religieuses : le salut ne peut être que pour les Juifs ou ceux qui deviennent prosélytes. Il suffit de voir la réaction scandalisée des apôtres (!) et des croyants qui sont à Jérusalem quand ils entendent parler de ce que Pierre a osé faire : manger avec des incirconcis !

La question s'est d'ailleurs poursuivie après cet épisode, avec notamment le débat sur sur la nécessité ou non de la circoncision pour les chrétiens d'origine païenne. Les idées reçues avaient la dent dure... 

Ici, il a fallu l'intervention de Dieu, qui envoie une vision spectaculaire à Pierre, pour le convaincre. Et Dieu a pris Pierre de cours en donnant son Esprit, de façon visible et spectaculaire, à Corneille et sa famille, alors qu'il leur annonce l'Evangile.

"Dieu leur a fait le même don qu'à nous quand nous avons cru au Seigneur Jésus-Christ. Donc, est-ce que moi, je pouvais empêcher Dieu d'agir ?" (v. 17)

Pierre a su se laisser convaincre par le Seigneur, en accueillant la vision et en reconnaissant chez Corneille et sa famille les signes de l'action de Dieu dans leur vie. Et il a su, aussi, convaincre les chrétiens de Jérusalem. 

Ce n'est pas le cas de tout le monde... Prisonniers d'idées reçues, nous pouvons être incapables de voir Dieu agir autour de nous. Si nous sommes convaincus que Dieu ne peut pas agir chez certaines personnes, ou qu'il ne peut pas bénir certaines situations, alors nous ne le verrons pas ! Le filtre des idées reçues est un filtre opaque !

 

Vaincre les idées reçues

Nous avons vu deux exemples qui auraient pu entraver la progression de l'Evangile. Mais Pierre a su abandonner ses idées reçues, héritées des traditions religieuses. Et Barnabas a su convaincre les disciples d'abandonner leurs idées reçues sur Saul, forgées dans la crainte de ce qu'il avait été.

Mais les choses ne sont pas allées simplement... La cohabitation de croyants d'origine juive et d'origine païenne a été le grand défi de l'Eglise primitive. De nombreuses idées reçues ont dû être encore combattues. Et dans l'histoire de l'Eglise, d'autres idées reçues ont pris le relais...

Qu'en est-il de nous aujourd'hui ? 

Notre compréhension de Dieu et de sa Parole est-elle vraiment exempte de toute idée reçue ? Nos schémas théologiques sont-ils toujours bibliquement fondés, ou reposent-ils quand même un peu sur certaines idées reçues qui mériteraient d'être remises en cause ? Notre vision de la vie chrétienne, de ce que devrait être, devrait faire ou devrait dire un chrétien, n'obéit-elle à aucune idée reçue ?

Il ne s'agit pas de tout remettre en cause et de tout relativiser, bien-sûr. Mais un dépoussiérage de nos convictions et nos pratiques peut parfois s'avérer salutaire !

Et que dire des idées reçues sur les autres Eglises, qui nous empêchent de les connaître, voire même d'en reconnaître les membres comme frères et soeurs ? Sans compter les idées reçues qui peuvent polluer nos relations à l'intérieur de l'Eglise !

Ici, la seule façon de briser les idées reçues, c'est de s'ouvrir à l'autre, de faire l'effort de la rencontre, de chercher à connaître vraiment. Car si Dieu n'a pas d'idée reçue sur nous, c'est parce qu'il nous connaît parfaitement. Nos idées reçues résultent la plupart du temps d'un manque de connaissance... 

 

Conclusion

Nous avons besoin d'hommes et de femmes comme Barnabas dans l'Eglise, qui sont suffisamment ouverts aux autres pour aller au-delà des idées reçues et accueillir ceux que les autres rejettent.

Nous avons besoin d'hommes et de femmes comme Pierre dans l'Eglise. Des hommes et des femmes qui sont suffisamment ouverts à Dieu pour abandonner des idées reçues lorsqu'ils constatent l'action de Dieu, même là où ils ne l'attendaient pas. 

Car si nous restons prisonniers de nos idées reçues, nous risquons de devenir aveugles à l'action de Dieu, et incapables d'accueillir vraiment notre prochain. 

 

 

Pour aller plus loin...

Questions bibliques et théologiques

Lisez Luc 9.46-50.

  • De quelle idée reçue sont victimes les disciples dans ce texte ? Comment Jésus y répond-il ?

Questions personnelles

  • Dans quelle(s) circonstance(s) ai-je déjà eu l'impression d'être victime d'idées reçues ? Qu'ai-je ressenti ? Comment ai-je réagi ?

En quoi ces expériences peuvent-elles m'aider à ne pas m'enfermer dans des idées reçues ?

Rédigé par Vincent

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D
Bon on va retravailler cela ce jeudi au groupe de quartier.
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