Les béatitudes (1) "Heureux..."

Publié le 7 Février 2010

Et vous, êtes-vous heureux ?

La question est simple, la réponse l'est sans doute beaucoup moins. Il y a des hauts et des bas. Il y a les optimistes et les pessimistes. Il y a les chanceux à qui tout réussi et ceux qui cumulent tous les problèmes. Et puis il y a les circonstances de la vie, heureuses ou malheureuses...

Etes-vous heureux ?

Matthieu a rassemblé dans son évangile les différents enseignements de Jésus en 5 grands discours, le premier d'entre eux étant le Sermon sur la Montagne. Et ce premier grand discours commence avec les célèbres béatitudes : « Heureux... »

Ce n'est pas un hasard si le premier enseignement placé dans la bouche de Jésus chez Matthieu soit ces béatitudes. Elles constituent comme une charte du Royaume. Elles montrent aussi que ce que Dieu veut pour nous, c'est notre bonheur. Il veut que nous soyons heureux.

Mais qu'est-ce qu'être heureux pour Jésus ?

Lecture : Matthieu 5.3-12

« Heureux... »

Quand Jésus a prononcé ces béatitudes, il a parlé en araméen. Il faut donc se demander ce que cela signifie en hébreu...

C'est un genre de formule courante dans la littérature de sagesse ou les Psaumes :

Psaumes 1.1

Heureux l'homme

qui ne suit pas les projets des méchants,

qui ne s'arrête pas sur le chemin des pécheurs,

et qui ne s'assied pas parmi les insolents...

Le mot vient d'une racine qui signifie « marcher ». Chouraqi traduit d'ailleurs « en marche ! » Cela donne dimension dynamique et non statique au bonheur. Le bonheur est une marche... et on pourrait dire que les béatitudes décrivent le bonheur de ceux qui marchent dans les voies du Seigneur.

Mais l'Evangile est écrit en grec. Il faut aussi voir ce que cela signifie en grec...

C'est une formule qu'on trouve essentiellement dans les Evangiles, mais aussi dans l'Apocalypse. Dans la version de Luc des béatitudes, les « heureux.. » sont mis en opposition aux « malheurs... »

Luc 6.25-26

Quel malheur pour vous qui êtes rassasiés maintenant !

Vous aurez faim !

Quel malheur pour vous qui riez maintenant !

Vous serez dans le deuil et dans les larmes !

Quel malheur pour vous, lorsque tout le monde parle en bien de vous !

C'est ainsi que leurs pères traitaient les prophètes de mensonge !

Ce qui est en vue, c'est la finalité. Est heureux celui dont le sort est enviable. L'idée est que, quelles que soient les irconstances de la vie du disciple du Christ, son sort est enviable.

Voilà pourquoi à chaque béatitude est associée une promesse. La première et la dernière sont les mêmes et sont les seules au présent : « le Royaume des cieux est à eux ». Mais le Royaume de Dieu est une réalité en mouvement, en devenir, une espérance en marche. C'est pourquoi toutes les autres promesses sont au futur.

Les autres promesses soulignent que leurs bénéficiaires trouveront la réponse à leurs souffrances : ils seront consolés, rassasiés et recevrons compassion, et qu'ils recevront d'incomparables récompenses : ils hériteront la terre, ils verront Dieu et seront appelés fils de Dieu !

Alors oui, quand on considère toutes ces promesses, c'est un sort enviable. Oui, ils sont heureux ceux qui marche dans les voies du Seigneur !

Le bonheur comme une marche

Il ne faut pas chercher le bonheur comme un état. La quête, la recherche, le progrès font partie intégrante du bonheur. Le bonheur de la marche à la suite du Christ, c'est une découverte sans cesse renouvelée.

La découverte du Seigneur, dans une connaissance toujours plus approfondie. La découverte de soi-même, dans une identité renouvelée en Christ. D'ailleurs, les différentes béatitudes ne forment-elles pas comme un portrait du Christ lui-même ? N'est-il pas humble, doux, compatissant, pur, artisan de paix ? N'a-t-il pas pleuré et été persécuté ?

Si le bonheur est une marche, gardons-nous de nous arrêter ! Etre heureux, pour un disciple du Christ, c'est continuer d'avancer sur le chemin de la foi. Le danger pour ce bonheur, c'est de s'arrêter. Soit parce qu'on pense être arrivé au bout du chemin, soit parce qu'on se laisse distraire par quelque autre chemin, soit parce qu'on se laisse gagner par le découragement...

Les béatitudes sont un appel à se mettre en marche ou à poursuivre la route avec le Seigneur.

Pas une invitation à se perdre dans l'utopie ou le rêve...

Alors, en marche ! En marche à la suite du Christ, et nous serons heureux !

Le bonheur comme une finalité

Nous ne vivons pas dans le mondes bisounours ! Nous sommes dans un monde marqué par le péché, où l'on rencontre tant d'injustices, de malheurs et de questions inexplicables.

Avec ses multiples promesses au futur, les béatitudes nous invitent à voir le bonheur comme une finalité à venir.

Elles nous mettent en garde : ne mettons pas tout notre espoir de bonheur ici-bas... nous serions déçus.

Mais recevons les joies et les bonheurs de cette vie comme des dons de la grâce de Dieu. Mieux encore : vivons les comme des avant-goûts du plein bonheur qui nous attend. Du coup, le caractère éphémère de la joie et du bonheur ici-bas ne sera pas une frustration et un sujet de plainte mais s'inscrira dans une espérance plus large : celle du Royaume de Dieu qui vient.

Conclusion

Alors, êtes-vous heureux ?

Pas forcément comme Droopy, bien-sûr ! Mais plutôt au sens où Jésus l'entend dans les béatitudes : êtes-vous en marche ?

En marche avec le Christ sur un chemin de foi...

En marche vers le Royaume qui vient et dont nous pouvons vivre quelques avant-goûts de joie et de bonheur, au milieu parfois des épreuves et des larmes d'aujourd'hui...

En marche pour découvrir le Seigneur et découvrir ce qu'il est en train de faire de vous...

Parce que si vous êtes en marche de la sorte, alors vous êtes heureux. Votre sort est enviable parce que les promesses des béatitudes sont pour vous !