Les béatitudes (6) « Heureux ceux qui sont compatissants, car ils obtiendront compassion. »

Publié le 11 Avril 2010

 

montagneCelui qui est compatissant pleure avec ceux qui pleurent. Il est sensible à la souffrance de son prochain et il souffre avec lui. 


Comment peut-on être heureux dans ce cas ? 


Comment peut-on l'être quand on sait que nous aussi nous avons besoin de compassion, comme le montre bien la parfaite symétrie de cette béatitude qui nous invite à la fois à être compatissant et à recevoir la compassion... 


« Heureux ceux qui sont compatissants... »



Notre compassion


Les anciennes version traduisaient : « Heureux ceux qui sont miséricordieux... ». Mais la miséricorde est un terme strictement religieux. Elle parle plutôt d'une bonté de coeur, qui pousse à l'indulgence, au pardon de celui qui se repent. Cette béatitude serait alors une invitation à pardonner comme Dieu nous pardonnera...


Ce n'est pas faux... mais un peu réducteur ! Parler de compassion est sans doute meilleur, plus concret, moins réducteur... mais il faut encore préciser !

 

La compassion n'est pas seulement faite de bons sentiments mais des actes concrets ! J'aime bien la traduction de Parole de Vie : « Ils sont heureux, ceux qui sont bons pour les autres, parce que Dieu sera bon pour eux ! » C'est du coup un peu trop général mais donne un sens bien concret à la béatitude.  Manifester de la bonté demande des actes concrets !


La compassion s'accompagne plus d'actes que de paroles... Voyez les amis de Job ! C'est en venant visiter leur ami malade et en restant silencieux à ses côtés qu'ils ont fait preuve de compassion. Dès qu'ils ont parlé, ils n'ont fait qu'ajouter des souffrances morales à leur ami... alors même qu'ils parlaient de repentance et de pardon !


Dans l'évangile de Matthieu, à deux reprises Jésus dit aux Pharisiens qui lui faisaient des reproches :  « Si vous saviez ce que signifie : je veux la compassion et non le sacrifice... » (Matthieu 9.13, 12.7). C'est une référence à un leitmotiv des prophètes de l'Ancien Testament, comme par exemple Os 6.6 : « car je ne prends pas plaisir aux sacrifices, mais à la fidélité ; je préfère aux holocaustes la connaissance de Dieu. »


Jusqu'à son grand discours contre l'hypocrisie des Pharisiens où il dit : 

« Quel malheur pour vous, scribes et pharisiens, hypocrites ! Vous payez la dîme de la menthe, de l'aneth et du cumin, et vous laissez de côté ce qui est le plus important dans la loi : la justice, la compassion et la foi; c'est cela qu'il fallait pratiquer, sans laisser de côté le reste.

Guides aveugles, qui retenez au filtre le moucheron et qui avalez le chameau ! » (Matthieu 23.23-24)


La compassion y apparaît au côté de la justice et de la foi. « c'est cela qu'il fallait pratiquer, sans laisser de côté le reste ! » Il s'agit de la pratiquer... La compassion dont il est question ici est pratique, concrète. 


Etre compatissant, ce n'est pas seulement avoir une larme à l'oeil devant les malheurs évoqués au journal télévisé. C'est témoigner de la bonté envers ceux qui ont besoin de nous et qui croisent notre route !



La compassion de Dieu


Pourquoi au futur ? 


Il faudrait aussi parler de la compassion de Dieu au passé : le plus grand acte de compassion de Dieu a été l'envoi de son Fils et sa mort sur la croix il y a 2000 ans ! Comme le plus grand acte de compassion de Dieu dans l'AT a été l'Exode : la délivrance de l'esclavage des Hébreux en les faisant sortir d'Egypte !


On peut bien-sûr en parler au futur : le prochain grand acte de compassion de Dieu pour l'humanité rachetée viendra au dernier jour ; la résurrection sera l'acte de compassion ultime de Dieu. Nous serons définitivement libérés de toute souffrance et de la mort elle-même !


Mais en parler au futur ne relègue pas pour autant la compassion de Dieu au dernier jour. La promesse exprime une assurance : la compassion de Dieu ne sera pas tarie demain. Ça ne veut pas dire qu'elle commencera demain mais qu'elle ne s'arrêtera pas demain... qu'elle ne s'arrêtera jamais !


La compassion est une des formes de l'amour. Celle qui s'exprime en venant en aide à celui qui souffre. C'est bien aujourd'hui que nous avons besoin de la compassion de Dieu, dans notre vie ici-bas, dans un monde où tous nous croisons la souffrance sur notre chemin...


Et justement, en Jésus, Dieu connaît nos souffrance et est parfaitement capable de nous témoigner de la compassion :

« Car nous n'avons pas un grand prêtre insensible à nos faiblesses ; il a été soumis, sans péché, à des épreuves en tous points semblables.

Approchons-nous donc avec assurance du trône de la grâce, pour obtenir compassion et trouver grâce, en vue d'un secours opportun. » (Hébreux 4.15-16)


La compassion de Dieu pour nous se manifeste dans des actes concrets.Dans son oeuvre de salut : y a-t-il plus concret que l'incarnation, les souffrances et la mort de Jésus ? Et nous attendons une espérance concrète : notre résurrection !


Et la compassion concrète de Dieu au quotidien, où est-elle ?

 

Dans l'action du Saint-Esprit. C'est du concret... même si ça ne se voit pas ! Quoi que... regardez le fruit de l'Esprit : l'amour, la joie, la paix, etc... même dans l'épreuve et la difficulté. Ça se voit ! Ça se vit ! C'est du concret !


Dans la compassion manifestée par ses enfants. Si c'est bien la compassion de Dieu qui nous rend capable d'être compatissant, alors bénéficier de la compassion d'un de ses enfants, c'est aussi bénéficier de la compassion de Dieu ! Nous pouvons, par notre compassion, être les agents de la compassion de Dieu !


La promesse associée à notre béatitude garantit que la compassion de Dieu ne s'arrêtera jamais et qu'elle atteindra son somment au dernier jour, avec l'acte de compassion de la résurrection. Vivons donc chaque jour comme une occasion de nous mettre au bénéfice de la compassion de Dieu ou comme des instruments de la compassion de Dieu. 



Conclusion


« Heureux ceux qui sont compatissants... »


Oui, la compassion rend heureux ! 


Elle rend heureux celui qui la donne parce qu'elle l'associe à l'oeuvre de compassion de Dieu. 


Elle rend heureux celui qui la reçoit parce qu'on manque de compassion dans notre monde toujours plus individualiste. La compassion c'est le contraire du chacun pour soi. 


Cette béatitude nous invite à entrer dans une relation de compassion, loin de l'indifférence et de l'égocentrisme. 


Soyons compatissants, comme Dieu est compatissant. Et notre compassion invitera les autres à l'être à leur tour... C'est aussi ainsi que le Royaume de Dieu sera en marche !



 

questionPour aller plus loin...

Pour prolonger la réflexion, quelques questions bibliques et/ou personnelles. 

 

 


Questions bibliques et théologiques

Lisez, dans leur contexte, les deux textes où Jésus dit aux pharisiens : « Si vous saviez ce que signifie : je veux la compassion et non le sacrifice... » (Mt 9.13, 12.7). 

- Quel éclairage ces deux épisodes bibliques apportent-ils sur la notion de compassion ?

- Lisez aussi Osée 6.6 dans son contexte. Quel lien y a-t-il entre ce texte prophétique et les textes de l'évangile de Matthieu de ce matin (Mt 9.13, 12.7 , 23.23-24) ?


Questions personnelles

Le Seigneur a-t-il déjà manifesté sa compassion envers moi à travers quelqu'un d'autre ? Dans quelles circonstances ? 

Ai-je déjà eu le sentiment d'être un instrument de la compassion de Dieu, par mes paroles, par mes actes ? Comment ai-je vécu cette expérience ?

 

Rédigé par Vincent

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