Les béatitudes (4) « Heureux ceux qui sont doux... »

Publié le 7 Mars 2010

montagneLe paradoxe, ici, est dans l'association de la douceur et du fait d'hériter la terre. Cette promesse évoque la puissance, le pouvoir : hériter la terre ! Or, les puissants de cette terre sont tout sauf doux !

Les puissants, y compris dans une démocratie, peuvent être ambitieux, habiles, diplomates, charismatiques, parfois rusés, voire retors, orgueilleux... mais certainement pas doux !

Pensez au président de n'importe quel pays ! Au PDG de n'importe quelle multinationale ! Faites la liste de tous leurs traits de caractère... je n'arrive pas à y voir la douceur !


La douceur : une valeur du Royaume de Dieu

« Heureux ceux qui sont doux... » La douceur, dans le Nouveau Testament, va de pair avec l'humilité. Jésus disait de lui-même qu'il était « doux et humble de coeur » . Lorsqu'il entre à Jérusalem sur le dos d'un ânon, l'Evangile cite cette parole de Zacharie : « Ton roi vient à toi, plein de douceur, monté sur une ânesse, sur un ânon, le petit d'une bête de somme. » (Mt 21.5)

Pourtant, la douceur n'est pas une qualité beaucoup mise en avant dans notre monde... Dans la jungle du monde moderne, elle pourrait même être considérée comme une faiblesse. Etre doux, c'est être mou et se faire marcher sur les pieds ! Si tu veux réussir dans notre monde, il faut plutôt être dur, pour encaisser les coup... et parfois pour en donner aussi !

Vous me direz que la douceur de Jésus ne lui a pas trop réussi puisqu'il est mort crucifié ! Aux yeux du monde, c'est vrai... C'est pourtant ce chemin qui l'a conduit à la résurrection, et la plus belle victoire de l'histoire de l'humanité !

Voilà pourquoi la douceur appartient aux valeurs du Royaume de Dieu. Elle figure dans la liste du fruit de l'Esprit en Galates 5.23 et fait partie des qualité que l'on attend d'un chrétien fidèle, particulièrement les responsables de l'Eglise. La terre qui est promise à ceux qui sont doux, c'est sans doute celle qui sera renouvelée, dans le Royaume de Dieu !

Avant que la douceur soit universelle, elle sera déjà aujourd'hui la marque des citoyens du Royaume de Dieu.

Lectures complémentaires : Ep 4.1-3, Ga 6.1-2, 1 P 3.15-16


Comment être doux entre frères et soeurs ?

Ça peut paraître évident... C'est pourtant un impératif ! La douceur se manifestera dans une relation paisible, sans agressivité, sans rivalité. On comprend pourquoi douceur et humilité vont de paire : quand l'orgueil et la jalousie s'en mêlent, la douceur disparaît !

Etre doux entre frères et soeurs, c'est facile quand tout va bien... ça l'est moins quand les relations se tendent ! Il faut alors prendre sur soi pour apaiser les tensions... Il nous faut considérer la douceur comme une forme de l'amour fraternel... elle ne peut venir que de Dieu !

C'est une douceur pour préserver l'unité et la solidarité, une douceur même quand on reprend un frère surpris en faute ! Je vois dans cette douceur l'accueil de l'autre, la compréhension, la capacité de ne pas juger l'autre.

L'Eglise ne devrait-elle pas être un lieu de douceur ? Rend d'autant plus triste les divisions, les rivalités, les jalousies, les jugements réciproques... 


Comment être doux face à ceux qui nous agressent ?

Mais le texte de 1 Pierre 3 parle de douceur dans la réponse à ceux qui nous accusent. Quand il s'agit de rendre compte, ici, il peut s'agir de tribunaux ! Le contexte est celui de la persécution. Ce n'est pas seulement une gentille question sur notre foi... 

Voilà qui est bien dans l'esprit du Sermon sur la Montagne. Si vous faites du bien à ceux qui vous font du bien, si vous aimez ceux qui vous aiment, si vous êtes doux avec ceux qui sont doux avec vous.... c'est trop facile ! Ici il s'agit d'être doux avec ceux qui vous agressent !

C'est une douceur désarmante. Celle qui répond à l'agressivité. Elle n'en est que plus forte... au point que les calomniateurs en sont finalement honteux !

A noter que la douceur ne concerne pas ici que les paroles mais l'ensemble de la conduite... Et dans la réponse à apporter à ceux qui peuvent nous agresser (sans forcément aller jusqu'au tribunal), une conduite empreinte de douceur parle plus encore que toutes les paroles !


Comment être doux dans notre monde sans pitié ? 

Si la douceur est une valeur du Royaume de Dieu, peut-elle l'être aussi dans notre monde ? Je ne dis pas que c'est facile... Mais n'est-ce pas ce à quoi Jésus nous appelle ? 
 
Matthieu 10.16 : « Moi, je vous envoie comme des moutons au milieu des loups. Soyez donc avisés comme les serpents et purs comme les colombes. »

Y a-t-il un animal plus doux qu'un mouton ? Mais comment survire au milieu des loups ? Tout n'est pas rose bonbon ! On ne peut se contenter d'être des doux moutons et des pures colombes. Il faut aussi être avisés, prudents, comme les serpents.

Cette parole de Jésus rappelle qu'être doux, ce n'est pas pour autant être naïf et se laisser toujours marcher sur les pieds ! Mais c'est choisir la douceur plutôt que l'agressivité, la patience, l'humilité, la confiance qui naît de l'assurance d'être dans la main du Seigneur.


Conclusion

Et si l'Eglise pouvait être le lieu où l'on vient trouver un peu de douceur dans notre monde de brutes ? 

Et si les chrétiens, dans le monde, était reconnus pour leur douceur, leur patience, leur écoute, leur humilité ?

C'est sans doute déjà, un peu, le cas. En tout cas, on peut l'espérer ! Mais ça doit l'être plus encore. 

Alors on aurait vraiment des signes que le Royaume de Dieu est en marche. Si l'amour de Dieu se manifeste aussi à travers la douceur de ses enfants !



questionPour aller plus loin...
Pour prolonger, façon biblique et/ou personnelle, la méditation de ce texte, voici quelques questions...



Questions bibliques et théologiques
Quel lien y a-t-il entre la promesse d'hériter la terre et celle de la première et la dernière béatitude : « le Royaume des cieux est à eux » ?
Que dit cette promesse sur la nature de l'espérance chrétienne ? Notre héritage n'est-il pas dans le ciel ? Alors pourquoi hériter la terre ? 
Que dit cette promesse sur l'avenir de notre terre ? Qu'est-ce que cela implique dans notre rapport à la création ?

Question personnelle
Avec qui, dans mon entourage, dans l'Eglise, ai-je le plus de mal à avoir de la douceur ? Pourquoi ? Que faudrait-il que je fasse pour « être doux » avec eux aussi ?

Rédigé par Vincent

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