Comme par hasard...

Publié le 11 Mars 2012

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Jeudi dernier, selon le calendrier Juif, c'était la fête de Pourim, une fête joyeuse et très populaire parmi les Juifs, une fête familiale où il est de tradition de s'envoyer des cadeaux, notamment des colis alimentaires.

Or, cette année, Pourim coïncidait avec la journée internationale des droits des femmes. Intéressante conjonction quand on considère que Pourim trouve son origine dans l'histoire d'Esther, une femme qui par son courage a été à l'origine d'une grande délivrance pour le peuple Juif.

L'histoire d'Esther raconte le destin d'une femme juive qui devient reine de Perse. Mais elle cache son identité juive par mesure de sécurité. Mardochée, son parent qui l'avait adoptée, se retrouve en conflit avec Haman, le premier ministre du roi. Ce dernier arrive à faire publier un décret pour éliminer tous les Juifs. Mais grâce au courage et à l'ingéniosité d'Esther, qui révèle son identité juive au roi à cette occasion, le complot est déjoué, Haman est exécuté et ce sont finalement les Juifs qui mettent leurs ennemis en déroute.

Je vous propose de lire le chapitre clé du livre, le tournant de l'histoire.

Lecture biblique : Esther 4

 

Un heureux hasard ?

Le livre d'Esther a une particularité des plus singulières pour un livre biblique : Dieu n'y est jamais mentionné ! Pas une fois on ne fait référence à lui, ni le narrateur ni les protagonistes. Sur le plan formel, Dieu est absent de l'histoire d'Esther...

Pourtant, la présence de ce livre dans le canon biblique ou l'institution de la fête de Pourim pour commémorer l'événement laissent quand même entendre que Dieu était bien à l'oeuvre. Tout comme la question de Mardochée dans notre chapitre : "Qui sait ? C'est peut-être pour une situation comme celle-ci que tu es devenue reine." (v.14)

Pourim, littéralement, c'est la fête des "dés" ou des "hasards", en référence au tirage au sort effectué par Haman pour déterminer la date favorable pour ses funestes projets. Or, justement, la fête de Pourim est l'occasion de dire qu'il n'y a pas de hasard. Derrière les circonstances et le déroulement de l'histoire, il y a toujours la main de Dieu. 

Il serait bien-sûr invivable de devoir chercher toujours, dans le moindre événement, un signe de Dieu ; derrière chaque personne rencontrée un ange de Dieu ; derrière chaque parole entendue un message de Dieu. 

Mais n'y a-t-il pas des circonstances spéciales, des moments importants de notre vie où on peut se dire que ce n'est pas par hasard que les choses se passent comme elle se passent ? Il y a dans notre vie des moments où il est évident que Dieu nous a placé à un endroit précis, à un moment précis. Ou qu'il a arrangé les circonstances dans un but bien précis. On ne peut pas le prouver bien-sûr... c'est une question de foi. 

L'histoire d'Esther nous montre aussi qu'il n'y a pas besoin de recevoir une vision ou un songe, de rencontrer un ange ou d'assister à un signe miraculeux pour discerner la présence et l'action de Dieu dans notre vie. 

La foi, c'est aussi voir Dieu quand il reste invisible, l'entendre quand il reste silencieux. Etre convaincu de sa présence même quand il semble absent. 

Pourquoi Dieu serait-il moins présent et moins actif s'il n'y a pas de miracle ou de manifestation surnaturelle ? Dans l'histoire d'Esther, il n'y a aucune intervention directe de Dieu. Dirons-nous pour autant qu'il n'a rien fait ?

 

Le courage d'une femme

Si la mention explicite de l'action de Dieu n'est pas mentionnée dans le livre d'Esther, c'est parce que Dieu a agi à travers les protagonistes de l'histoire, et notamment une femme : Esther.

Au début de l'histoire, elle est passive. Elle subit les événements. Orpheline, elle a été adoptée par Mardochée, son parent. Tout ce qu'on dit d'elle alors, c'est qu'elle est d'une grande beauté. Et quand le roi répudie la reine Vasti et qu'on organise une sorte de concours de miss pour recruter la nouvelle reine, Esther y va sagement, comme le lui demande Mardochée ! Sois belle et tais-toi ! Bonjour la condition des femmes... 

D'autant que c'est pour être intégrée au harem du roi Perse ! Et que pendant une année entière les femmes choisies vont être bichonnées pour être les plus belles possible avant d'être présentées, l'une après l'autre, au roi. Comme des bêtes de concours, des candidates de la nouvelle téléréalité : "Qui veut devenir la nouvelle reine ?"

Et même si Esther deviendra la préférée de Xerxès, elle dit bien au chapitre 4 que cela fait un mois que le roi ne l'a pas appelé auprès de lui... Ca en dit long sur la taille du harem ! Bref, le début du livre d'Esther est loin d'être un manifeste féministe !

Les choses basculent au chapitre 4. Même si c'est encore Mardochée qui pousse Esther à agir, il n'a plus d'emprise sur elle. Elle vit au palais et lui ne peut pas y entrer... C'est par un messager interposé qu'ils dialoguent.

Mais Esther prend la décision toute seule, courageusement, de risquer sa vie pour sauver son peuple. "Je me rendrai auprès du roi, même si c'est contraire à la loi. Et si je dois mourir, je mourrai !" (v.15)

Et c'est elle, seule, qui va faire preuve d'ingéniosité pour arriver à ses fins. Elle prend les choses en main et c'est grâce à elle que les projets de Haman sont déjoués et que la situation est renversée. 

Alors qu'on aurait pu ne retenir que la grande beauté d'Esther, finalement c'est son courage qui marquera l'histoire. Elle a su prendre ses responsabilités le moment venu, discerner le temps de Dieu. Et changer la situation délicate qui était la sienne en un atout.

Mais il est dommage que, au temps biblique comme encore trop souvent aujourd'hui, il faut des circonstances particulières, voire des temps de crise, pour que les femmes puissent vraiment jouer un rôle décisif. Y compris dans les Eglises...

Car aujourd'hui encore, certains voudraient limiter leurs responsabilités dans l'Eglise au nom d'une exégèse discutable, à des tâches subalternes. En matière d'enseignement, limité aux enfants ! Ou alors comme missionnaire au loin, là on est moins regardant...

Heureusement, il y a des exemples comme Esther pour nous rappeler que Dieu, dans sa providence, utilise indifféremment des hommes et des femmes pour accomplir son plan. Particulièrement dans l'Eglise où, comme le dit Paul, "il n'y a plus ni Juif ni Grec, il n'y a plus ni esclave ni homme libre, il n'y a plus ni homme ni femme, car vous tous, vous êtes un en Jésus-Christ." (Ga 3.28). 

 

Conclusion

Le hasard n'existe pas dans l'histoire. A travers les choix et le comportement des hommes et des femmes de ce monde, Dieu mystérieusement accompli son plan. Et c'est vrai pour la grande histoire comme pour les petites histoires de nos vies. Nous pouvons l'expérimenter parfois et prendre conscience, à un instant précis et dans une situation précise, que nous nous trouvons exactement là où Dieu l'a voulu...

Cela ne fait pas de nous des marionnettes. Nous devons être attentif au dessein de Dieu et prendre nos responsabilités. Une femme courageuse en donne l'exemple : Esther. Ballotée sans avoir vraiment de mot à dire, elle se retrouve au palais, dans le harem du roi. Et c'est justement là que Dieu l'a placée pour sauver son peuple de la destruction. Le courage d'Esther à saisir le temps de Dieu doit nous encourager à faire de même quand la situation se présente dans notre vie !

 

 

Pour aller plus loin...

Questions bibliques et théologiques

Que diriez-vous à quelqu'un qui affirmerait que c'est dans les signes et les prodiges, les guérisons et les miracles, que la présence de Dieu se manifeste vraiment ?

 

Questions personnelles

Ai-je déjà eu la conviction, dans une circonstance précise, d'être exactement là où Dieu voulait que je sois ? 

  • Qu'est-ce qui me permet de le dire ? 
  • Ou, si je ne l'ai pas vécu, qu'est-ce qui me permettrait de l'affirmer ?

Rédigé par Vincent

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