L'Esprit souffle où il veut... (Prédication du 27 septembre 2009)
Publié le 27 Septembre 2009
Il y a dans la Bible des situations étonnantes qui suscitent
parfois des réactions surprenantes. Surtout quand un personnage important ne réagit pas forcément comme on pourrait s'y attendre. Quelqu'un comme Moïse, ou même Jésus.
En voici deux exemples, que je vous invite à méditer ce matin...
Nombres 11.24-30
Moïse sortit dire au peuple les paroles du SEIGNEUR. Il rassembla soixante-dix des anciens du peuple et les plaça, debout, autour
de la tente.
Le SEIGNEUR descendit dans la nuée et lui parla; il retira un peu du souffle qui était sur lui et le mit sur les soixante-dix
anciens. Dès que le souffle se posa sur eux, ils se mirent à faire les prophètes; mais ils ne continuèrent pas.
Deux hommes, l'un nommé Eldad, l'autre Médad, étaient restés dans le camp; le souffle se posa sur eux – ils étaient parmi les
inscrits, mais ils n'étaient pas sortis vers la tente. Ils se mirent à faire les prophètes dans le camp.
Un jeune homme courut dire à Moïse : Eldad et Médad font les prophètes dans le camp !
Josué, fils de Noun, qui était auxiliaire de Moïse depuis sa jeunesse, s'écria : Moïse, mon seigneur, empêche-les
!
Moïse lui répondit : Tu es jaloux pour moi ? Ah ! si tout le peuple du SEIGNEUR était composé de prophètes, si le SEIGNEUR mettait
son souffle sur eux !
Sur quoi Moïse se retira dans le camp, lui et les anciens d'Israël.
Le mécontentement monte dans le peuple et la charge devient trop lourde pour Moïse. Dieu lui conseille alors de s'entourer de 70 anciens, des responsables du peuple
qui l'aideront dans sa charge.
Une cérémonie de consécration a lieu au cours de laquelle Dieu « enlève un peu du souffle qui est sur Moïse pour le mettre sur les 70 ». Une façon imagée de dire
qu'ils seront consacrés par Dieu pour aider Moïse dans sa charge. Et il y a un signe qui l'accompagne : ils prophétisent. S'agissait-il d'une sorte d'extase ou d'un phénomène comparable au parler
en langues de la Pentecôte ?
En tout cas, il y a un problème : sur les 70, seuls 68 viennent. Deux manquent à l'appel... on ne sait pas pourquoi ! Y a-t-il le signe d'une réticence par rapport
à Moïse ?
Mais ils font partie des 70 et donc reçoivent aussi le souffle de Dieu, accompagné du même signe : ils prophétisent. Et c'est là qu'il y a un malaise. Ils font
bande à part... ils ne sont pas avec les autres... ils prophétisent dans le camp.
Josué, l'assistant le plus proche de Moïse, son futur successeur, s'insurge et dit à Moïse : « empêche-les ! » S'agit-il d'une sanction ? En tout cas, la réponse de
Moïse : « Tu es jaloux pour moi ? » laisse entendre que Josué voulait en faire une affaire personnelle... ce que refuse Moïse !
Il se réjouit de ne plus avoir le « monopole » de l'Esprit de Dieu mais de le partager avec les 70... Même si cela implique qu'il ne contrôle plus aussi bien la
situation. De toute façon, c'est Dieu qui a mit de son souffle sur eux. Comment pourrait-il aller à son encontre ?
Il souhaiterait même encore plus : « si seulement tous étaient prophètes ! » Une parole qui se révélera être prophétique puisqu'elle dDeviendra une promesse chez le
prophète Joël, accomplie à la Pentecôte.
"Après cela, je répandrai mon souffle sur tous :
vos fils et vos filles deviendront prophètes,
vos anciens auront des rêves,
et vos jeunes gens des visions."
(Joël 3.1)
Marc 9.38-41
Jean lui dit : Maître, nous avons vu un homme qui chasse les démons par ton nom et nous avons cherché à l'en empêcher, parce qu'il
ne nous suivait pas.
Jésus répondit : Ne l'en empêchez pas, car il n'y a personne qui puisse parler en mal de moi tout de suite après avoir fait un
miracle en mon nom.
En effet, celui qui n'est pas contre nous est pour nous.
Et quiconque vous donnera à boire une coupe d'eau parce que vous appartenez au Christ, amen, je vous le dis, il ne perdra jamais
sa récompense.
Nous sommes dans un contexte complètement différent. Un homme chasse les démons au nom de Jésus, alors qu'il ne fait pas partie des Douze choisis par Jésus. On
retrouve un peu la même réaction que Josué avec Moïse : il faut l'empêcher. C'est d'ailleurs si évident pour les disciples qu'il ne demandent même pas à Jésus ce qu'il faut faire, ils l'informent
simplement de ce qu'ils ont fait...
Le motif : « parce qu'ils ne nous suivait pas ». Qu'il agisse au nom de Jésus ou pas, il ne fait pas partie du groupe. Point !
Mais Jésus fait preuve d'une ouverture étonnante : « celui qui n'est pas contre nous est pour nous. » Le « nous » ici, c'est le cercle des disciples de
Jésus.
Ailleurs, Jésus dira une parole qui peut paraître contradictoire. « Celui qui n'est pas avec moi est contre moi, et celui qui ne rassemble pas avec moi disperse. »
(Mt 12.30). Le disciple qui agit en « électron libre » n'est pas « avec nous », dans le cercle des disciples, mais il est « avec Jésus », il chasse les démons au nom de Jésus.
La situation échappe aux disciples qui n'arrivent pas à accepter que le nom de Jésus puisse être à l'oeuvre en dehors de leur cercle... Une parole qui invite à
l'humilité : il n'y a pas qu'une seule communauté de disciple qui soit autorisée à agir au nom de Jésus. Personne n'a le monopole de l'action au nom de Jésus...
Jésus en profite pour élargir un peu le propos. Il ne s'agit pas seulement de considérer ceux qui chassent les démons, qui accomplissent des choses extraordinaires,
mais simplement ceux qui donnent à boire une coupe d'eau ! Une récompense leur est réservée. L'oeuvre de l'Esprit est aussi dans ce témoignage simple d'amour et de solidarité.
Même les Douze n'avait pas le monopole de l'oeuvre au nom de Jésus... alors à plus forte raison nous, ou quelque Eglise que ce soit !
L'Esprit souffle où il veut
C'est la leçon a retirer de ces deux textes !
Il souffle chez des anciens du peuple récalcitrants...
Il souffle par les mains d'un disciple qui agit en « électron libre »...
L'Esprit souffle où il veut...
On ne peut pas se l'approprier
Il n'y a pas de monopole du Saint-Esprit !
L'oeuvre de l'Esprit saint ne se laisse pas confisquer par qui que ce soit. Aucune Eglise, aussi évangélique et fidèle soit-elle, ne pourra jamais prétendre être
détentrice de la vérité, « propriétaire » de l'Esprit.
Il faut savoir reconnaître l'oeuvre de l'Esprit en dehors de nos murs et de nos cercles. Savoir la reconnaître chez les pentecôtistes, les réformés ou les
catholiques... et même parfois en dehors de toute Eglise. Savoir le reconnaître aussi chez nous, dans notre Eglise, dans notre vie et celle de ceux que nous côtoyons.
Mais pour cela il ne faut pas rester enfermer entre les 4 murs de son Eglise. Il faut profiter des occasions de rencontre, de découverte pour voir comment Dieu
agit, ailleurs, différemment, par son Esprit.
On ne peut pas l'enfermer
Ce n'est pas nous qui disons à l'Esprit où, quand et comment il doit souffler. « N'éteignez pas l'Esprit », dit l'apôtre Paul. Une façon de l'éteindre, c'est de
l'enfermer...
Certains l'enferment dans le passé. Comme si le Saint-Esprit avait cessé d'agir depuis l'Eglise primitive. On le relègue alors aux seules confessions de foi
!
Certains l'enferment dans des manifestations extérieures et spectaculaires : guérisons, prophéties, parler en langues... Alors que Jésus rappelle qu'il peut
souffler autant lorsqu'un démon est chassé que lorsqu'un verre d'eau est donné. A quoi sert-il de parler en langues ou de prophétiser si on est incapable d'aimer notre prochain ?
Certains l'enferment dans des « cases » bien évangéliques. Par crainte des débordements, l'action de l'Esprit est limitée à la lecture et la méditation de la Bible,
éventuellement à la prière si elle cite des versets bibliques ! Evidemment sans l'action de l'Esprit, nos prédications et nos prières sont vaines... mais le Saint-Esprit n'est-il pas plus grand
que nos prières ? Plus grand que la Bible ?
L'Esprit souffle où il veut et on ne peut ni se l'approprier ni l'enfermer...
Conclusion
L'Esprit souffle où il veut... Moïse l'a reconnu, même chez ces deux anciens récalcitrants. Jésus invite ses disciples à le reconnaître, y compris chez cet homme
qui agit en électron libre au nom de Jésus Savons-nous le reconnaître aujourd'hui ?
Et si nous osions vraiment laisser l'Esprit souffler où il veut ? C'est un risque, une aventure, une occasion de découverte, dans notre vie de piété personnelle et
dans notre vie d'Eglise !
Mais c'est une question à se poser... parce qu'il risque de ne plus vouloir souffler si on l'enferme tout le temps...